Christine Spengler, Bombardement de Phnom Penh,  Cambodge, 1975
du
8 mars
au
31 décembre
2022
Exposition

Femmes photographes de guerre

Avec cette nouvelle exposition, le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc - musée Jean Moulin continue d’explorer l’histoire en présentant les oeuvres de huit femmes photographes reconnues qui ont couvert 75 ans de conflits internationaux entre 1936 et 2011 : Lee Miller (1907-1977), Gerda Taro (1910-1937), Catherine Leroy (1944-2006), Christine Spengler (née en 1945), Françoise Demulder (1947-2008), Susan Meiselas (née en 1948), Carolyn Cole (née en 1961) et Anja Niedringhaus (1965-2014).

À l’aide d’une centaine de documents, plus de 80 photographies, ainsi qu’une douzaine de journaux et de magazines originaux, l’exposition met en évidence l’implication des femmes dans tous les conflits, qu’elles soient combattantes, victimes ou témoins.

Exposition co-organisée avec le Kunstpalast de Düsseldorf

 

COMMISSARIAT GÉNÉRAL :
Sylvie Zaidman, historienne, conservatrice générale, directrice du musée de la Libération de Paris- musée du général Leclerc - musée Jean Moulin

COMMISSARIAT SCIENTIFIQUE :
Felicity Korn, conseillère auprès du Directeur Général du Kunstpalast à Düsseldorf en Allemagne
Anne-Marie Beckmann, directrice de la Deutsche Börse
Photography Foundation à Francfort en Allemagne

#FemmesPhotographesDeGuerre

Public et Horaire

  • Adulte
Les horaires en détail

Musée

Musée de la Libération de Paris - Musée du Général Leclerc - Musée Jean Moulin
Musée de la Libération de Paris - musée du Général Leclerc - musée Jean Moulin

Place Denfert-Rochereau
4 Avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy
75014 Paris
France

Infos Pratiques

Horaires de l'exposition

Musée de la Libération de Paris
Musée du Général Leclerc
Musée Jean Moulin

4 Avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy
75014 Paris
(Place Denfert-Rochereau)

 

Horaires 

Le musée est ouvert au public du mardi au dimanche de 10h à 18h (dernier accès à 17h30, fermeture des salles à 17h45)

 

Tarifs 

Tarif plein : 8€

Tarif réduit : 6€

 

Public

  • Adulte

UN REGARD DIFFÉRENT ?

Si la photographie de guerre est une profession dominée par les hommes, de nombreuses femmes photographes ont cependant travaillé dans les zones de guerre. Elles ont documenté les crises mondiales et ont joué un rôle décisif dans la formation de l’image de la guerre. Dans les territoires de conflit, contrairement aux hommes, ces femmes ont souvent eu accès aux familles, dont elles ont réalisé des portraits particulièrement émouvants. Elles ont également été actives sur le front et pris des photos de victimes de guerre qui n’épargnent pas l’observateur. En mettant en lumière les clichés et parcours de ces huit femmes photographes de guerre, l’exposition confronte le visiteur à un regard partagé sur la violence de la guerre. Elle questionne la notion de genre, interroge la spécificité du regard féminin sur la guerre, bouscule certains stéréotypes, montre que les femmes sont tout autant passeuses d’images que témoins de l’atroce. Sur les fronts depuis près d’un siècle, elles prennent des images sans cacher l’horreur des événements. Certaines y laissent la vie.

Des questions clé

L’exposition aborde une problématique partagée par les correspondants de guerre : comment témoigner de la sauvagerie de la guerre ? Faut-il passer par une vision crue ou par une euphémisation formelle ?

Ces photographes, dont les oeuvres vont des conflits européens des années 1930 et 1940 aux guerres internationales les plus récentes, font appel à une grande variété stylistique et narrative. Leurs approches alternent entre le maintien d’une distance objective, le constat et l’implication personnelle. Parmi les photographies, on trouve des aperçus intimes de la vie quotidienne pendant la guerre autant que des témoignages d’atrocités ou des références à l’absurdité de la guerre et à ses conséquences.

Christine Spengler ne montre pas les corps calcinés mais les ruines de Phnom Penh, qui touchent le spectateur sans expliciter la cruauté de la scène. Les cadavres photographiés par Gerda Taro ou par Carolyn Cole à plus de 70 années de distance dérangent tout autant. L’approche de la première est frontale alors que la seconde donne un effet esthétique et calme à sa prise de vue. Catherine Leroy choisit la proximité immédiate avec son sujet et ses images interpellent.

L’image et sa diffusion

Enfin, dernier point sur lequel cette exposition interpelle : le recadrage de la photographie et sa mise en scène pour l’adapter aux besoins de la presse.

Les photographies présentées sont autant d’images fixes, cadrées, potentiellement construites par un regard ou par une diffusion médiatique subjective. C’est une question qui nous renvoie à nos propres outils d’analyse de l’actualité. Chacune des photographes présentées dans l’exposition témoigne avec son style particulier des souffrances engendrées par les guerres. Leur production doit cependant tenir compte des réalités économiques. Employées par des agences ou des titres de presse, elles doivent fournir des images « publiables », obéissant aux critères en vigueur au moment où elles réalisent les clichés. Il s’en est fallu de peu que l’image emblématique du quartier de Beyrouth prise par Françoise Demulder ne soit pas retenue par son agence, car les intentions des photographes ne sont pas forcément celles que souhaitent promouvoir les médias. Cela ne les empêche pourtant pas de choisir leurs sujets et de proposer des images très personnelles.

Ces photographes souhaitent, les unes comme les autres, contribuer à faire apparaître publiquement ce qui se passe réellement sur le champ de bataille et à l’arrière du front.

L’exposition permet de comprendre la façon dont ces images prises sur le vif sont traitées par la presse.

LA PHOTOGRAPHIE : UN OUTIL POUR DÉCRYPTER L’HISTOIRE

Les images de ces femmes photographes de guerre mettent le spectateur face au destin des individus et face à l’histoire. Le visiteur comprend la spécificité de chacun des conflits couverts, et pourtant une certaine vue d’ensemble se dégage. On voit peu à peu émerger une professionnalisation des conflits, un armement toujours plus technologique des armées occidentales en réponse à une menace
toujours plus complexe à appréhender. Le rapport entre les belligérants ne paraît jamais symétrique dans ces photographies : les conflits opposent armées officielles traditionnelles et combattants peu équipés.

Gerda Taro représente l’armée républicaine populaire espagnole, parfois sans arme, Lee Miller montre à peine les soldats allemands en déroute lors de la Seconde Guerre mondiale. L’impression de déséquilibre s’accentue face aux images brutales de Catherine Leroy mettant en scène la disproportion entre les combattants du Vietcong et les Marines américains. Susan Meiselas photographie les guérilleros rebelles au Nicaragua. Mais ce sont sans doute les images d’Anja Niedringhaus qui mettent en évidence l’inconsistance du surarmement des soldats américains et canadiens face à un ennemi insaisissable en Irak (2004) ou en Afghanistan (2011).

Ces photographies parlent de conflits proches et lointains, dont certains semblent ne plus finir. Elles repositionnent la Seconde Guerre mondiale dans le contexte plus large des guerres du XXe et du XXIe siècle et montrent l’ancrage profond des affrontements qui secouent la planète. La valeur de ces images va bien au-delà de leur qualité informative puisqu’elles nous apprennent aussi comment l’oeil de ces femmes photographes de guerre s’est aiguisé au fil du temps, en composant avec leur qualité de femme, leur perception des opérations et la sensibilité du public. Leurs regards enrichissent le récit que porte le musée de la Libération de Paris  -  musée du général Leclerc - musée Jean Moulin sur les conflits contemporains et donne de nouvelles clés à ses visiteurs pour comprendre “le bruit et la fureur” du monde.

Affiche Femmes Photographe de guerre
Françoise Demulder, Le massacre du quartier de La Quarantaine

Françoise Demulder, Le massacre du quartier de La Quarantaine.  Beyrouth, Liban, 1976

© Succession Françoise Demulder/Roger-Viollet

Françoise Demulder, Entraînement d’enfants soldats dans l’armée

Françoise Demulder, Entraînement d’enfants soldats dans l’armée du gouvernement de Lon Nol. Cambodge, 1974

© Succession Françoise Demulder / Roger-Viollet

Susan Meiselas, Sandinistes

Susan Meiselas, Sandinistes devant le quartier général de la Garde nationale à Estelí. Nicaragua, juillet 1979 © Susan Meseilas/Magnum Photos

Carolyn Cole

Carolyn Cole, Une photo de Saddam Hussein, criblée d’impacts de balles, est recouverte de peinture par Salem Yuel. Les symboles des dirigeants politiques ont disparu de Bagdad peu après la prise de la ville par les troupes américaines. Bagdad, Irak, avril 2003

© Carolyn Cole / Los Angeles Times

Françoise Demulder, Un hélicoptère « Sea Stallion » des US Marines

Françoise Demulder, Un hélicoptère « Sea Stallion » des US Marines.
Beyrouth, Liban, 1983

© Françoise Demulder / Roger-Viollet

Françoise Demulder, La prise d’Addis-Abeba

Françoise Demulder, La prise d’Addis-Abeba : un partisan du Front
démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien. Éthiopie,
30 mai 1991© Françoise Demulder / Roger-Viollet

Anja Niedringhaus

Anja Niedringhaus, Des Marines américains font irruption au domicile d’un député irakien dans le quartier d’Abou Ghraib. Bagdad, Irak, novembre 2004 © Anja Niedringhaus/AP/SIPA

Lee Miller

Lee Miller, Chirurgien et anesthésiste réalisant une opération dans le 44e hôpital de campagne près de La Cambe en Normandie. France, 1944

© Lee Miller Archives, England 2022

Carolyn Cole

Carolyn Cole, Prisonniers irakiens après l’assaut d’un ancien poste de police à Kufa, en Irak, par des Marines américains. Ce poste servait de base à la milice du Mahdi. Certains prisonniers ont déclaré avoir été pris en otage par ses troupes.
Koufa, Irak, août 2004

© Carolyn Cole / Los Angeles Times