Relai Kisokaido 32
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Découvrez la route du Kisokaidō en 8 estampes

Publié le 20 mai 2021

Bonne nouvelle, l’exposition Voyage sur la route du Kisokaidō. De Hiroshige à Kuniyoshi, inaugurée en octobre au musée Cernuschi, est prolongée jusqu’au 8 août 2021. Riche d’objets précieux mais surtout de 150 estampes japonaises, dont certaines inédites, le parcours retrace la célèbre route du Kisokaidō, l'une des cinq voies du réseau routier créé au Japon durant l’époque Tokugawa (1603-1868). En avant-goût de votre visite, découvrez huit relais de cette route mythique. Bon voyage !

relai 3 kisokaido

Utagawa Kuniyoshi (1797–1861) Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō Relais n°3. Warabi : Inuyama Dōsetsu 1852, 5e mois Xylogravure polychrome, format ōban tate-e Paris, musée Cernuschi, M.C. 4780.03 Legs Henri Cernuschi, 1896 © Paris Musées / Musée Cernuschi

À l’époque Tokugawa (1603-1868), cinq routes sont créées au Japon pour faciliter les transports. Celle de Kisokaidō relie alors Edo (actuelle Tōkyō) à Kyōto : ces deux villes sont très importantes puisque la première accueille la résidence du shogun, et la deuxième le siège de l’empereur.

Dans la première moitié du XIXème siècle, les artistes japonais multiplient les estampes qui illustrent son trajet.

Ici, Kuniyoshi (1797-1861) prend le décor du troisième relais pour illustrer un passage d’un roman historique de Kyokutei Okikuni Bakin, La Chronique des huit chiens de Satomi.

En haut à gauche, Warabi, le lieu évoqué par l’estampe est représenté avec fidélité.

Relai 4 kisokaido

Utagawa Kuniyoshi (1797–1861), Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°4. Urawa : le poissonnier Danshichi, 1852, 5e mois. Xylogravure polychrome, format ōban tate-e. Paris, musée Cernuschi, M.C. 4780.04 Legs Henri Cernuschi, 1896 © Paris Musées / Musée Cernuschi

Pour cette estampe du relais n°4, Kuniyoshi déploie une nouvelle fois toute son inventivité. Il est l’un des artistes les plus excentriques de son époque.

Né dans l’actuelle Tōkyō, il grandit auprès d’un père artisan, spécialiste de la teinture sur textile, ce qui explique sans doute son don pour les couleurs.

Bon dessinateur, il entre à 11 ans comme apprenti chez l’artiste renommé Utajawa Toyokuni ; rapidement, il excelle dans l’illustration de livres. Mais cet amoureux des estampes se heurte, dès 1842, à l’interdiction de certains thèmes comme les représentations d’acteurs…

La série des Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō lui permet de contourner la censure.

Ce 18ème relais est l’œuvre de Keisai Eisen (1790-1848). Ce dernier collabore avec Utagawa Hiroshige (1797-1858) pour leur propre série de Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō : Eisen en réalise 24, Hiroshige 47. Celle-ci n’est pas signée, mais elle est attribuée à Eisen.

Le style est beaucoup plus sage que celui de Kuniyoshi, Eisen dépeignant ici le paysage d’une rue commerçante sur fond de montagne. Pas d’élément narratif, mais un camaïeu élégant de couleurs vert et bleu et quelques inscriptions sur le côté droit de l’image.

La composition est rythmée par une ligne en pente douce (suivant la rivière), qui traverse le bas de l’estampe.

Relai 18 kisokaido

Non signé [Keisai Eisen, 1790–1848], Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°18. Sakamoto, 1835-1838. Xylogravure polychrome, format ōban yoko-e. © Fundacja Jerzego Leskowicza

Le relais n°32 offre l’occasion à Utagawa Hiroshige (1797-1858), comparse d’Eisen, d’illustrer le paysage de la rivière Naraigawa. Deux hommes, dont on ne voit pas les visages, évoluent sur de frêles embarcations, dont l’une est chargée de bois. Peu personnalisés, n’étant incarnés que par leurs corps en mouvement, ils ne font qu’un avec la nature qui les entoure.

Relai Kisokaido 32

Utagawa Hiroshige (1797–1858), Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°32. Seba 1835-1838. Xylogravure polychrome, format ōban yoko-e © Fundacja Jerzego Leskowicza

La pluie est arrivée soudainement. Les porteurs aux jambes nues créés par Hiroshige ont l’air bien surpris par l’averse, courant s’abriter sous un auvent en se protégeant avec du mobilier emporté à la hâte : il s’agit de palanquins de montagne, composés d’une plateforme en bambou et d’un toit en vannerie. La scène se passe, semblerait-il, dans un sanctuaire des alentours de Suhara. Avec finesse et fidélité, Hiroshige représente la vivacité d’une scène du quotidien.

Relai 40 kisokaido

Utagawa Hiroshige (1797-1858), Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais 40 須原 SUHARA, 1835-1838. Éditeur : Iseya Rihei. Cachet de censure : kiwame Xylogravure polychrome, format ōban yoko-e. Collection Georges Leskowicz

De la pluie, encore ! Pour ce 46ème relais, il nous convie sur le lieu-dit de Komamba. Au fond, on aperçoit l’ombre du mont Ena. Au premier plan, trois samouraïs semblent prêts à partir pendant que le jour se lève

Relai 46 kisokaido

Utagawa Hiroshige (1797–1858), Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°46. Nakatsugawa, 1835-1838. Xylogravure polychrome, format ōban yoko-e © Fundacja Jerzego Leskowicza 

Réalisé par Hiroshige, ce 47ème relais nous mène cette fois-ci sous la neige, dont les minuscules points blancs recouvrent le sol, les personnages et l’arbre au premier plan. Au fond à droite, le mont Ena ; à gauche, le mont Kasagiyama, et au fond, le mont Kisokoma. Les voyageurs et leur monture ont encore un long chemin à parcourir… Mais, plus que leur difficulté, c’est le romantisme d’une scène enneigée qui est ici subtilement représenté. 

Relai 47 kisokaido

Utagawa Hiroshige (1797–1858), Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°47. Ōi, 1835-1838. Xylogravure polychrome, format ōban yoko-e © Fundacja Jerzego Leskowicza

Relai 70 kisokaido

Utagawa Kuniyoshi (1797–1861), Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°70. Ōtsu : Koman, 1852, 7e mois. Xylogravure polychrome, format ōban tate-e. Paris, musée Cernuschi, M.C. 4780.70 Legs Henri Cernuschi, 1896 © Paris Musées / Musée Cernuschi

Ce 70ème relais, illustré par l’excentrique Kuniyoshi, nous replonge dans une scène narrative.

On y voit une jeune femme terrifiée fuir à la nage un groupe de soldats furieux restés sur la terre ferme : il s’agit de Koman, fille veuve, qui nage à toute allure dans les eaux du lac Biwa pour sauver la bannière Genji, qu’elle porte entre ses dents.

En haut à gauche, un paysage rappelle une nouvelle fois l’endroit dont l’artiste s’est inspiré pour y glisser cette scène à la remarquable énergie dramatique.

En savoir plus

"Voyage sur la route du Kisokaidо̄, de Hiroshige à Kuniyoshi"
Exposition jusqu'au 8 août 2021 au musée Cernuschi

Réservation obligatoire sur www.billetterie-parismusees.paris.fr