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Comprendre Boldini en 5 œuvres

Publié le 27 juin 2022

À découvrir au Petit Palais jusqu’au 24 juillet prochain, l’exposition « Boldini. Les plaisirs et les jours » met en lumière un artiste italien célébré de l’autre côté des Alpes mais quelque peu oublié du public français. Auteur de scènes de genre savoureuses et de très nombreux portraits, Giovanni Boldini (1842-1931) se redécouvre au fil d’un parcours de 150 œuvres… Avant-goût en 5 points, pour comprendre qui est Boldini, et à quoi tient son style si reconnaissable.

1. Les débuts d'un artiste italien

Boldini, Alaide Banti en robe blanche, 1866, Galerie d'Art moderne, Florence

Giovanni Boldini, Alaide Banti en robe blanche, 1866, Galerie d'Art moderne, Florence

Né à Ferrare, en Émilie-Romagne, en 1842, Giovanni Boldini emménage à l’âge de 22 ans à Florence, capitale des arts en Italie. Il y rencontre deux peintres, Michele Gordigiani et Cristiano Banti, qui l’aident dans ses premiers pas, ainsi qu’une mécène, Isabella Robinson Falconer, qui lui apporte ses premières commandes importantes en le présentant à la société mondaine. Boldini est lancé !

Le jeune artiste se rapproche également des Macchiaioli, un groupe initiateur de la peinture moderne italienne, et commence à être remarqué par les critiques d’art.

Le portrait d’Alaide Banti en robe blanche, une jeune fille de onze ans, raconte déjà tout le talent de Boldini, qui saisit l’ennui de son modèle, entre tendresse de l’enfance et conventions de l’âge adulte.

2. Paris, sa ville de cœur

Giovanni Boldini, Conversation au café, 1879, huile sur bois, Collection particulière

Giovanni Boldini, Conversation au café, 1879, huile sur bois, Collection particulière

En 1871, Boldini amorce le plus important tournant de sa vie : il s’installe à Paris, où il pensait ne rester que quelques jours. L’attraction de la capitale est trop forte ! Son effervescence artistique l’inspire. Stratège, il se rapproche rapidement du marchand Adolphe Goupil, et se dédie corps et âme à un art tout à fait à la mode à ce moment-là : les scènes de genre.

Observateur, il réalise des toiles de petite taille, quasi-miniaturistes dans leurs détails, et saisit un peu de la vie parisienne. Il prend régulièrement pour modèle une certaine Berthe, qui apparaît dans une dizaine de tableaux.

Ici, il représente une scène charmante de la vie parisienne, deux jeunes femmes conversant à la terrasse d’un café : Boldini plaît beaucoup avec ses compositions sereines, qui consolent le public après les dures journées de la Commune.

3. Paris est une fête !

Giovanni Boldini, Scène de fête au Moulin rouge, vers 1885, huile sur toile, Musée d'Orsay, Paris

Giovanni Boldini, Scène de fête au Moulin rouge, vers 1885, huile sur toile, Musée d'Orsay, Paris

Il n’est ni le premier, ni le dernier : à Paris, Boldini se laisse émerveiller par la modernité de cette capitale internationale, qui virevolte le jour sur les grands boulevards et s’amuse le soir dans les cabarets. Lui peint, inlassablement.

Pour rendre le mouvement de la ville, il imagine des compositions dynamiques, marquées par des cadrages inhabituels aux points de fuite multiples. Le regard cinématographique est en germe ! L’artiste regarde du côté d’Edgar Degas, qu’il admire, et s’intéresse aux expériences sur le mouvement du photographe Eadweard Muybridge.

Vers 1889, il représente le cabaret emblématique du Moulin Rouge… sans en montrer la scène. Selon son point de vue, le véritable spectacle est dans la salle, où se mêlent cocottes et bourgeois sur un fond rouge aussi fiévreux que sensuel.

4. Du côté des portraits : une stratégie commerciale…

Giovanni Boldini, Portrait du comte Robert de Montesquiou, 1897, huile sur toile, Musée d'Orsay, Paris

Giovanni Boldini, Portrait du comte Robert de Montesquiou, 1897, huile sur toile, Musée d'Orsay, Paris

Lorsqu’il comprend que les tableaux « à la Goupil », du nom de son marchand, ne sont plus à la mode, l’artiste cesse de produire des scènes de genre. Il n’est pas là pour perdre son temps à jouer les peintres maudits ! Alors Boldini retrouve son plaisir personnel : les portraits.

La comtesse Gabrielle de Rasty le présente au Tout-Paris, et les commandes vont bon train. Il s’intéresse à l’art ancien, regarde Van Dyck, Velázquez, et ose des noirs très profonds, qui deviennent sa signature.

Après l’Exposition universelle de 1889, Boldini s’attaque aux plus célèbres personnalités de son époque… comme en témoigne ce portrait du comte Robert de Montesquiou, emblématique dandy.

5. …Et un redoutable talent !

Giovanni Boldini, Portrait de la princesse Marthe-Lucille Bibesco, huile sur toile, Collection particulière.

Giovanni Boldini, Portrait de la princesse Marthe-Lucille Bibesco, huile sur toile, Collection particulière

Élégantes, vêtues avec soin de robes signées par les plus grands couturiers, les femmes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle ne sont jamais plus belles que sous le pinceau de Boldini. En 1901, il est d’ailleurs élu « peintre de la femme » par le premier numéro de la revue Les Modes !

L’artiste s’investit beaucoup : il se rend chez ses modèles (des comtesses et des mondaines comme des danseuses et des comédiennes), fouille dans leur garde-robe, choisit la tenue qui convient. Bientôt, certaines se mettent à s’habiller « à la Boldini » et s’affament pour se conformer à l’idéal de minceur qu’il promeut dans ses portraits. Celui de l’historienne et femme de lettres d’origine roumaine Marthe-Lucile Bibesco est habité d’un mouvement et d’une vivacité qui font tout le sel du style Boldini. Pas de quoi, toutefois, convaincre le mari du modèle, qui refusera le portrait pour cause de décolleté inconvenant. Oups !

Informations pratiques

Boldini. Les plaisirs et les jours

Exposition présentée jusqu'au 24 juillet 2022 au Petit Palais
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris

www.petitpalais.paris.fr

Réservation conseillée sur notre billetterie en ligne