11 femmes
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11 femmes pour 11 institutions

Publié le 7 Marzo 2023

A l’occasion de cette Journée Internationale des droits des femmes, Paris Musées vous présente 11 portraits courts de femmes, présentes dans nos collections.

Qu’elles soient des femmes à l’image de leur époque ou bien nageant à contre-courant, figures militantes comme figures contrastées, cet article est consacré à cette diversité de figures féminines, qui forme les collections des musées de la Ville de Paris.

Petit Palais

Marie Bracquemond, « Le goûter », vers 1880

Marie Bracquemond, « Le goûter », vers 1880. © Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Marie Bracquemond (née Marie Anne Caroline Pasquiou-Quivoron, 1840-1916)

 

Peintre, graveuse et céramiste française, Marie Bracquemond est l’une des « grandes dames » de l’impressionnisme.

Bien que son nom soit moins souvent retenu parmi les pionniers de ce mouvement, cette artiste a su s’imposer par son succès. Figure originale pour son temps, Marie Bracquemond n’est pas issue d’un milieu très aisé et n’a pas reçu d’éducation artistique officielle. Pourtant, elle a pu devenir à la fois une peintre saluée par la critique au Salon, aussi bien qu’une peintre impressionniste de grande qualité.

Bien que sa carrière publique ait été interrompue par son mari en 1890 et son œuvre tombée quelque peu dans l’oubli, il est aujourd’hui possible de redécouvrir certaines de ses œuvres au Petit Palais.

Palais Galliera

Elsa Schiaparelli, « Phoebus », automne hiver 1938-1939

Elsa Schiaparelli, « Phoebus », automne hiver 1938-1939. © Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

Elsa Schiaparelli (1890-1973)

 

Se démarquant par son excentricité, Schiaparelli n’était en fait pas destinée à devenir créatrice de mode. Issue d’une famille aristocratique de Rome, elle était promise par ses parents à un riche aristocrate russe, mais a tout fait pour échapper à ce destin. C’est seulement à 37 ans qu’elle commence sa carrière, sans aucune formation dans la mode ou la couture, mais avec de grandes idées. Elle devient ainsi « inventeuse de vêtements », comme elle aimait le dire.

A l’origine de pièces mythiques comme la jupe culotte ou la robe portefeuille, elle cherche constamment à innover et à trouver de nouveaux matériaux pour créer des pièces impressionnantes. Mais aussi donner de l’assurance aux femmes.

Bien que sa carrière décline lentement à partir de la Seconde Guerre mondiale, moment à partir duquel l’excentricité n’était plus d’actualité, Schiaparelli est restée une grande inspiratrice pour la mode d’hier et d’aujourd’hui. Certaines de ses créations, comme l’iconique cape Phoebus, sont désormais conservées au Palais Galliera.

Musée de la Libération de Paris

Docteur Kremtchousky Alexandre, Photo Krementchousky n° 1952, « Le colonel Louis Dio et la commandante Florence Conrad en conversation à l'hippodrome de la Solle », 22 juin 1945.

 

Docteur Kremtchousky Alexandre, Photo Krementchousky n° 1952, « Le colonel Louis Dio et la commandante Florence Conrad en conversation à l'hippodrome de la Solle », 22 juin 1945. © Paris Musées / Musée de la Libération de Paris - musée du Général Leclerc - musée Jean Moulin

Florence Conrad (1886-1966) et « les Rochambelles »

 

En 1943 la riche américaine Florence Conrad, crée le « groupe Rochambeau », surnommé « les Rochambelles » par les hommes de la 2e Division Blindée (2e db).

Ce projet a pour but d’engager des volontaires féminines, pour rallier l’Armée de la France Libre outre Atlantique. D’abord recrutées à New York, les quatorze premières « Rochambelles » débarquent à Casablanca, la même année, pour rallier la 2e db du général Leclerc. La particularité de ce groupe de femmes est de s’être imposée aux autorités militaires. Car, au moment où elles arrivent à Casablanca elles n’ont aucune certitude d’être enrôlées et ne savent pas si leur projet va aboutir.

Parvenant à faire leurs preuves auprès du général Leclerc, il accepte de les engager mais décide qu’elles n’iront pas au-delà de Paris. C’est sans compter sur le courage et la vaillance dont elles vont faire preuve, contraignant Leclerc à se rendre à l’évidence, elles sont indispensables et viendront avec lui jusqu’en Allemagne.

Les femmes étaient jusque-là confinées dans la sphère privée et voyageaient rarement seules et sans autorisation masculine. Mais la Seconde Guerre mondiale vient alors bouleverser ces valeurs traditionnelles. Avançant avec les armées de la Libération jusqu’en Allemagne, puis vers l’Extrême-Orient, « les Rochambelles », célibataires et patriotes, brisent les carcans de leur temps.

Bien que les archives concernant les femmes de la 2e db soient éparses et lacunaires, on retrouve au musée de la Libération de Paris de nombreuses photographies qui attestent de l’engagement des « Rochambelles ».

Musée de la Vie romantique

George Sand, Paysage, 1874

George Sand, Paysage, 1874. CC0 Paris Musées / Musée de la Vie Romantique

Jean-Baptiste Lafosse, « portrait de George Sand », 1866

Jean-Baptiste Lafosse, « portrait de George Sand », 1866. ©Paris Musées / Musée de la Vie romantique

George Sand (1804-1876)

 

Au rez-de-chaussée du musée de la Vie romantique, trois salles sont consacrées à une grande artiste, George Sand. Ces salles retracent son histoire et s’inspirent des lieux où elle a vécu, à travers ses dessins, portraits, mobilier et bijoux. Par ailleurs, le salon à son nom recrée l’ambiance de la maison d’enfance de l’écrivaine à Nohant, dans le Berry.  

À travers la figure de George Sand c’est tout le XIXe siècle qui refait surface devant nos yeux : la difficulté pour une femme d’être écrivaine, les fortes différences sociales ou encore les mariages arrangés. Bien sûr, ce que l’on retient de George Sand, ce sont surtout ses livres. Mais le musée, en présentant l’artiste à travers son environnement intime, familier, tente de nous plonger dans l’univers des histoires de Sand, de l’amour du laboureur Germain pour la belle petite Marie dans La Mare au diable, au courage de François, enfant abandonné mais décidé à prouver sa valeur dans François le Champi

Aspirant à une société plus juste et plus égalitaire, George Sand n’hésite pas à s’imposer dans des milieux traditionnellement masculins et se caractérise par la diversité de ses combats, parfois personnel ou avec un engagement politique socialiste.

Maisons Victor Hugo

Achille Devéria, reproduction de l’autoportrait d’Adèle Foucher, XIXe siècle

Achille Devéria, reproduction de l’autoportrait d’Adèle Foucher, XIXe siècle. © Paris Musées / Maison de Victor Hugo - Hauteville House

Adèle Foucher (1803-1868)

 

Connue comme l’épouse de Victor Hugo, Adèle Foucher était aussi une artiste. C’est dans l’atelier ouvert rue de Seine en 1819 par son amie et bientôt belle-sœur, Julie Duvidal de Montferrier, qu’Adèle Foucher s’est formée au dessin. Hugo s’en effarouche, jugeant inconvenant pour une femme de « descendre dans la classe des artistes ».

Mais Adèle n’est pas seulement la femme du poète, ni la mère de famille. Elle sait aussi mettre à profit ses leçons de dessin et signe des portraits au crayon les plus intimes que nous connaissions, de ses proches. Ainsi, elle produit des portraits de ses enfants, son mari, leurs amis ou encore des pièces de leurs maisons. Elle écrit aussi, à partir de ses souvenirs personnels et des matériaux fournis par son mari et son ouvrage Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, est publié en 1863.

Adèle Hugo cessera de dessiner, ou presque, après la mort de sa première fille Léopoldine, de même qu’elle cessera d’écrire après le départ de la seconde, Adèle, laissant inachevé son ouvrage Un petit livre dédié aux morts commencé avant l’exil.

Adèle n’a ainsi jamais eu de carrière artistique à proprement parlé, mais ses talents sont indéniables. Aujourd’hui, certains de ses dessins sont conservés dans les maisons de Victor Hugo.

Musée Zadkine

Anonyme, Valentine Prax peignant, avant 1919

Anonyme, Valentine Prax peignant, avant 1919

Archives du musée Zadkine

Valentine Prax La Musique

Valentine Prax La Musique Vers 1925-1930 Huile sur verre, 47 x 56 cm Paris, musée Zadkine © Adagp, Paris, 2022 Photo © musée Zadkine/Paris Musées

Valentine Prax (1897- 1981)

 

Née en Algérie, Valentine Prax débarque à Paris en 1919, tout juste majeure et après trois années d’étude aux Beaux-Arts d’Alger. C’est très vite qu’elle fait la connaissance de son voisin, le sculpteur russe Ossip Zadkine, qui deviendra un ami, un mentor artistique et finalement son époux.

Leurs destins sont ainsi profondément liés. Ossip Zadkine lui fait découvrir le Paris des artistes et le courant des avant-gardes de Montparnasse. Tandis que l’imagination de Valentine Prax la Méditerranéenne entraîne Zadkine, qui puise à son tour aux sources vives de l’antiquité gréco-latine.

Au tournant des années 1930, Valentine Prax connaît un réel succès commercial et des expositions personnelles lui sont consacrées à Paris, Londres ou encore Chicago. Puis lorsqu’arrive la guerre, elle reste à Paris pour défendre leur œuvre. Plus tard elle convainc son mari d’embarquer pour les Etats-Unis. La peinture est alors son seul secours. « Cette période de la guerre fut la meilleure pour ma production artistique », confesse-t-elle.

Lorsque Ossip Zadkine meurt en 1967, Valentine Prax continue de peindre et d’exposer, mais lui fait aussi la promesse de veiller sur son œuvre. Elle a ainsi consacré une grande part de ses forces à la création du musée Zadkine, qui ouvre finalement un an après sa mort en 1981.

Des œuvres des deux artistes y sont ainsi exposées, révélant le lien fort qui unissent leurs deux productions artistiques.

Musée Bourdelle

Antoine Bourdelle, « Isadora », 1909

Antoine Bourdelle, « Isadora », 1909. © Paris Musées / Musée Bourdelle

 

Isadora Duncan (1877-1927)

 

Artiste engagée pour l’émancipation des femmes et pionnière de la danse libre, l’américaine Isadora Duncan a apporté les premières bases de la danse moderne, dont la danse contemporaine est l’héritière.

Son importante influence touche encore la danse aujourd’hui et a également touché les arts de son temps. La liberté d’expression de cette artiste et sa spontanéité ont inspiré peinture, sculpture, photographie et même littérature.

Bien qu’il n’existe qu’une seule vidéo nous permettant aujourd’hui de contempler ses danses, il est possible de retrouver au musée Bourdelle de nombreux dessins et croquis permettant de retransmettre ses fameux mouvements.

En effet, Antoine Bourdelle a effectué des centaines de croquis et dessins de la danseuse. Il l’a notamment prise pour modèle pour la façade du théâtre des Champs-Elysées, à Paris, qu’il a réalisé entre 1910 et 1912.

Musée Carnavalet

Edmond Bénard, portrait de Louise Abbéma, vers 1888

Edmond Bénard, portrait de Louise Abbéma, vers 1888. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Louise Abbéma, Portrait de Sarah Bernhardt (1844-1923), sociétaire de la Comédie-Française, dans le rôle de Marie de Neubourg (Ruy Blas), vers 188

 

Louise Abbéma, Portrait de Sarah Bernhardt (1844-1923), sociétaire de la Comédie-Française, dans le rôle de Marie de Neubourg (Ruy Blas), vers 1883. © Paris Musées / Musée Carnavalet, Histoire de Paris.

Louise Abbéma (1853-1927)

 

Grande figure de la vie parisienne de la Belle Epoque, l’artiste Louise Abbéma a su imposer son style très moderne.

C’est une figure contrastée, qui n’a pas accepté de se plier aux normes sociétales de son temps et ne s’est jamais mariée.

Cependant, elle tenait aussi à respecter les rôles attribués aux hommes et aux femmes de son époque. Ainsi elle adopte délibérément un style et des sujets de peinture dits « féminins ».

Elle se dit même contre les féministes et les suffragettes. Pour elle, les rôles des hommes et des femmes sont définis et cela jusque dans la peinture. Selon elle, il est acceptable pour les femmes de peindre des portraits, et particulièrement de femmes la nature et les arts décoratifs, contrairement à la peinture à visée morale telle que la peinture d’Histoire.

Connue aussi pour sa relation plus qu’amicale avec Sarah Bernhard, Louise Abbéma l’a beaucoup représentée, montrant encore une fois l’ambiguïté de son caractère entre, respect catégoriques des normes sociales dans la peinture, et transgression de ces normes dans sa vie personnelle.

Etudier une telle personnalité nous permet de mieux comprendre l'état de la société, tout comme la réalité du monde de l'art au XIXe siècle. Au musée Carnavalet, il est possible de contempler l’une de ses œuvre et tenter de comprendre le caractère de cette figure contrastée, à travers de nombreux de ses tableaux.

Musée Cognacq-Jay

Elisabeth Vigée-Lebrun, Portrait de Marie-Louise-Adélaïde-Jacquette de Robien, vicomtesse de Mirabeau, 1774

Elisabeth Vigée-Lebrun, Portrait de Marie-Louise-Adélaïde-Jacquette de Robien, vicomtesse de Mirabeau, 1774. © Paris Musées / Musée Cognacq-Jay
 

Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842)

 

S’imposant comme la portraitiste officielle de Marie-Antoinette, Elisabeth Vigée-Lebrun est l’une des rares artistes femmes du XVIIIe siècle à avoir accédé à la postérité.

En témoigne le fait que le couple de grand collectionneurs de l’art du XVIIIème siècle, Ernest Cognacq et Marie-Louis Jaÿ, a acquis plusieurs de ses œuvres pour leur collection, contrairement à d’autres artistes très célèbres en leur temps dont la réputation et le nom ont été oubliés par l’histoire.

Elle est l’une des figures représentant la féminisation grandissante des beaux-arts qui a eu lieu pendant son siècle et on peut aujourd’hui observer certains de ses tableaux au musée Cognacq-Jaÿ.

Musée Cernuschi

Pan Yuliang, « Femme nue assise sur un coussin », 1952

 

Pan Yuliang, « Femme nue assise sur un coussin », 1952. © Paris Musées / Musée Cernuschi, musée des Arts de l’Asie de la Ville de Paris

Pan Yuliang ( fin XIXème -1977)

 

L’artiste Pan Yuliang est une figure pionnière de l’art chinois de la période moderne.

Née à la fin du XIXe siècle, elle a connu la fin de la période impériale et débuté son parcours artistique dans le Shanghai cosmopolite de 1920. Elle se rend ensuite à Paris, répondant à l’impératif de modernisation des arts qui animait nombre de jeunes artistes de sa génération.

Pan Yuliang fait partie de ces artistes chinois formés en Europe, qui ont donc reçu une très forte influence de l’art français, mais dont le style emprunte aux deux cultures. Son art nous permet d’observer les phénomènes de transfert et de synthèse entre les pratiques asiatiques et européennes.

S’éloignant peu à peu des institutions, elle crée une œuvre très personnelle, centrée autour des thèmes du nu féminin, du couple et de l’enfance. Sa peinture, où la couleur joue un rôle de premier plan, fait de la femme un sujet particulièrement présent. Le nu est ainsi sans aucun conteste la thématique la plus représentative de son art qui mélange influences occidentales et tradition picturale chinoise.

Nombreux de ses nus ont été acquis par la Ville de Paris dès 1942 et aujourd’hui, la collection du musée Cernuschi permet d’illustrer la diversité des techniques utilisées par Pan Yuliang.

Musée d’Art Moderne de la ville de Paris

Françoise Vergier, « Leslie panse ses hanches », 2011

 

Françoise Vergier, « Leslie panse ses hanches », 2011. © Paris Musées / Musée d’Art moderne de Paris

Françoise Vergier (1952-)

 

Née dans une famille de paysans, Françoise Vergier revendique un travail artistique élaboré à partir de la terre et de sa puissance de création.

A la recherche d’un principe féminin s’opposant au monde patriarcal, elle a souvent recours à des techniques traditionnelles comme la terre cuite, le verre, l’émail ou la céramique. Ses thèmes de prédilections se concentrent autour de la nature, interrogeant l’humain à l’épreuve du monde et explorant les mythes liés à la féminité.

Le corps de la femme est donc l’un de ses grands sujets, pour lequel elle utilise un vocabulaire formel proche du surréalisme.

Au Musée d’Art Moderne de Paris, est conservée une de ses sculptures grandeur nature, Leslie panse ses hanches. Ici, l’artiste utilise un motif récurrent de l’histoire de l’art, la baigneuse. Le titre de cette œuvre joue sur l’homophonie entre panser (ses plaies) et penser (son corps). En écho à ce titre, la couronne qui sertit la tête de la femme figure des hanches, traduisant la lutte du modèle entre statut d’objet et celui de sujet.