Philippe Cognée (1957), LE CATALOGUE DE BÂLE (2013-2015) // Environ 1000 pièces, huile sur papier marouflée sur aluminium, [29,7 x 21 cm chacune] // [D’après Antoine Bourdelle] // Courtesy de l’artiste et Templon, Paris-Bruxelles-New York // © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023
del
15 Marzo
al
16 Julio
2023
Exposition

Philippe Cognée

La peinture d’après
À l’occasion de sa réouverture, le 15 mars 2023, le musée Bourdelle consacre à Philippe Cognée (né en 1957) sa plus importante rétrospective à Paris.

Déployée dans l’aile conçue par Christian de Portzamparc du musée Bourdelle, l’exposition Philippe Cognée. La peinture d’après est articulée autour du Catalogue de Bâle, un ensemble vertigineux d’un millier de pièces de l’artiste. Peintre, mais aussi sculpteur, Cognée dialogue avec ses pairs, parmi lesquels Antoine Bourdelle, figure tutélaire assumée.

Réalisé entre 2013 et 2015, cet ensemble est constitué d’un millier d’œuvres élaborées selon un même protocole : l’artiste, après avoir déchiré des pages issues des catalogues d’Art Basel, peint une copie de et sur la reproduction d’une œuvre – signée Jeff Koons, Pablo Picasso ou Alberto Giacometti ou d’un artiste moins célèbre, voire oublié. Cette repeinture, qui épouse le format exact de la reproduction photographique qu’elle vient recouvrir, conjoint donc, dans un même geste, dans un même mouvement, une disparition et une apparition.

#expoCognee

Public et Horaire

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Museo

Jardin Musée Bourdelle
Musée Bourdelle

18, rue Antoine Bourdelle
75015 Paris
Francia

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Horaires de l'exposition

Musée Bourdelle
18 rue Antoine-Bourdelle 75015 Paris

Tél : 01 49 54 73 73

 

Horaires 

Ouvert de 10 à 18h du mardi au dimanche.

 

Tarifs

Plein tarif: 10€
Tarif réduit : 8€

Public

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Une exposition en 3 temps

PHILIPPE IV [d’après Diego Velázquez] 1994

Philippe Cognée (né en 1957), PHILIPPE IV [d’après Diego Velázquez],1994, Encaustique sur toile marouflée sur bois, 58 x 42 cm, Boulogne-Billancourt, collection Étienne Sandevoir. © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023

Contrecollées sur aluminium, ces œuvres sont présentées les unes à côté des autres au cœur d’un long labyrinthe, formant une frise hypnotique. Pareilles à des photogrammes, elles dessinent un plan séquence ou un travelling. La peinture apparait ainsi comme un fil rouge, ou un fil d’Ariane…

Ce projet crucial est précédé par une longue séquence liminaire, qui atteste la préexistence et l’ancrage de notions majeures dans le travail de l’artiste : la « repeinture » et la prolifération formelle. Ainsi, des peintures et des sculptures rappellent combien Philippe Cognée s’emploie à explorer, depuis les années 80, le recouvrement par la peinture, la saturation optique et l’héritage de ses aînés – Velázquez, Ingres ou Rubens. L’artiste en est conscient : on peint toujours après, et d’après.

Enfin, une grande salle, comme piégée dans le labyrinthe, constitue la troisième séquence de cette exposition : tandis qu’une Tête de taureau (1989) – sculpture archaïsante évoquant le minotaure – fait face au Grand Masque tragique (1901) de Bourdelle, les cimaises accueillent six toiles monumentales et inédites appariant la fleur à la sculpture : l’une et l’autre ne sont-elles pas traversées par une même sève vitaliste, par un même principe de germination ?

Contemporain, un accrochage organisé par le musée de l’Orangerie voit Philippe Cognée dialoguer avec les Nymphéas de Claude Monet.

Prolifération et repeinture

Philippe Cognée (né en 1957), SANS TITRE, 1991-1995

Philippe Cognée (né en 1957), SANS TITRE, 1991-1995, Huile sur photographie marouflée sur aluminium, 285 pièces, 195 x 339 cm [10 x 15 cm chacune], Marseille, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur. © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023 / Photo Musée de Grenoble – Jean-Luc Lacroix
 

Au seuil des années 1990, Philippe Cognée inaugure un nouveau procédé : il repeint un ensemble de 285 photographies, prises par ses soins. Copiant un motif anodin, qui disparaît à mesure qu’il est recouvert, l’artiste rend le trivial à la peinture (Sans titre, 1991-1995).Cet ensemble profus rappelle combien la prolifération est centrale dans le travail de Cognée qui, sans relâche, explore la saturation des grandes surfaces (Supermarché, 2003-2004), sculpte de nombreuses Têtes d’hommes (1989), exhaussées par une peinture gris-bleu, ou conçoit des centaines de terres de brique cuites, pareilles à des vanités (Nodules, 1991).

On ne peint jamais ex nihilo. On peint toujours après, et d’après – les œuvres anciennes et les grands maîtres, qu’il s’agisse de Velázquez, de Rubens ou d’Ingres. Non sans humour, Philippe Cognée réinvestit ainsi l’art ancien par sa technique de peinture à l’encaustique qui, singulière, engendre un monde tremblé, et troublé. Prolifération et repeinture : telles sont les deux opérations majeures qui président bientôt au Catalogue de Bâle.

Le catalogue de Bâle

Philippe Cognée (1957), LE CATALOGUE DE BÂLE (2013-2015)

Philippe Cognée (né en 1957), LE CATALOGUE DE BÂLE, 2013-2015, Vue du projet présenté partiellement à la Fondation Fernet-Branca de Saint-Louis, 2016, Courtesy de l’artiste et Templon, Paris-Bruxelles-New York. © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023 / Photo Bertrand Huet-Tutti
 

De 2013 à 2015, Philippe Cognée élabore Le Catalogue de Bâle, un ensemble saisissant par son ampleur – un millier d’œuvres – et son protocole – la systématisation de la repeinture. Chaque pièce est exécutée selon une même règle, qui confine au rituel : prélevant des pages aux catalogues de la foire Art Basel, l’artiste peint une copie de et sur des reproductions d’œuvres.

Ce geste comporte une dimension politique : ce qui n’était qu’une reproduction, qu’un artefact, redevient une œuvre à part entière, frappée par la gestualité et par la singularité, contre la marche impersonnelle du monde. Mettant toutes ces images à sa main, Philippe Cognée interroge la puissance iconique des œuvres premières – signées Georg Baselitz, Jeff Koons ou Pascale Marthine Tayou –, et les caprices du marché de l’art, avec ses discernements, ses oublis et ses angles morts. Cet ensemble fut présenté partiellement à deux reprises : en 2016, à la fondation Fernet-Branca, à Saint-Louis, dans le Haut-Rhin, puis à l’automne 2018, à l’espace Jacques-Villeglé, à Saint Gratien, dans la région parisienne. Il se déploie au musée Bourdelle dans son exhaustivité, selon un parcours linéaire et labyrinthique érigeant cette repeinture en fil d’Ariane.

Germination et finitude

Antoine Bourdelle (1861-1929) BEETHOVEN, GRAND MASQUE TRAGIQUE, 1901

Antoine Bourdelle (1861-1929), BEETHOVEN, GRAND MASQUE TRAGIQUE, 1901, Bronze, 77,5 x 47 x 47 cm, Paris, musée Bourdelle. Legs Rhodia-Dufet-Bourdelle, 2002

Depuis plusieurs années, Philippe Cognée s’intéresse à la chair des fleurs qui, épanouie ou fanée, triomphante ou putréfiée, engendre des formes baroques, serpentines et impétueuses. De même que la fleur, la sculpture, et en particulier celle d’Antoine Bourdelle, est éminemment  organique, déploie dans l’espace son corps comme sa peau, convoite la lumière et abrite une sève fragile qui la soumet aux caprices du temps.

Partant de ce constat vitaliste, l’artiste a conçu six toiles monumentales qui, seules ou formant un triptyque, fouillent l’efflorescence de la sculpture, quand la germination porte en elle l’ombre de la finitude. Aux amaryllis blanches, qui dessinent une chorégraphie endiablée, pareille à celle de Loïe Fuller ou d’Isadora Duncan, répondent des pivoines voluptueuses, d’une sensualité débridée, et des lys qui, blancs comme le plâtre, évoquent les moules du sculpteur, ces chrysalides énigmatiques. Ces références aux œuvres de Bourdelle – à l’énergie sauvage d’Héraklès archer (1906-1909) ou à la douceur silencieuse de Pénélope (1905-1912) – rappellent combien la sculpture irrigue le travail de Philippe Cognée, ainsi que le réaffirme le dialogue entre sa Tête de taureau (1989) et le Grand Masque tragique (1901) de son aîné.

L'artiste

Vue de l’atelier de Philippe Cognée

Vue de l’atelier de Philippe Cognée. © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023. Photo Guillaume Cognée

Philippe Cognée vit et travaille à Vertou, près de Nantes. Présentées dans le monde entier, ses œuvres ont été célébrées par de nombreux écrivains, tels que Pierre Bergounioux et Marie Darrieussecq, et acquises par les plus grandes institutions (Centre Pompidou, musée d’arts de Nantes, Fondation Cartier pour l’art contemporain, musée de la Chasse et de la Nature, Fonds national d’art contemporain, musée de Grenoble, …).

Depuis les années 1980, l’œuvre de Philippe Cognée revient inlassablement aux mêmes motifs, volontiers ordinaires, pour en fouiller la poésie muette. Une carcasse de viande, une chaise de jardin en plastique, un rayon de supermarché : dès lors qu’ils sont peints, l’infime gagne en grandeur, le quotidien en noblesse. En « faisant silence on renouvelle toute l'exposition des choses », comme l’écrit élégamment le philosophe Jean-Luc Nancy.

Pour explorer le visible, l’artiste recourt à la peinture à l’encaustique, qui consiste à employer comme liant de la cire d’abeille. La surface picturale est ensuite recouverte d’un film plastique puis chauffée à l’aide d’un fer à repasser. Ce mode opératoire engendre des œuvres singulières, dont la matière épaisse piège des images troubles, comme tremblées, qui hissent Cognée en copiste infatigablement nouveau. Nul paradoxe à cela, ainsi que l’énonce Baudelaire : « La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable. »

affiche exposition Philippe Cognée

Avec le soutien de la galerie Templon

 

Commissariat général

Ophélie Ferlier-Bouat, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Bourdelle

Commissariat scientifique

Colin Lemoine, responsable des sculptures au musée Bourdelle

Philippe Cognée (1957), LE CATALOGUE DE BÂLE (2013-2015) // Environ 1000 pièces, huile sur papier marouflée sur aluminium, [29,7 x 21 cm chacune] // [D’après Antoine Bourdelle] // Courtesy de l’artiste et Templon, Paris-Bruxelles-New York // © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023

Philippe Cognée (1957), LE CATALOGUE DE BÂLE (2013-2015) // Environ 1000 pièces, huile sur papier marouflée sur aluminium, [29,7 x 21 cm chacune] // [D’après Antoine Bourdelle] // Courtesy de l’artiste et Templon, Paris-Bruxelles-New York // © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023

PHILIPPE IV [d’après Diego Velázquez] 1994

Philippe Cognée (né en 1957), PHILIPPE IV [d’après Diego Velázquez],1994, Encaustique sur toile marouflée sur bois, 58 x 42 cm, Boulogne-Billancourt, collection Étienne Sandevoir. © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023

Philippe Cognée (1957), LE CATALOGUE DE BÂLE (2013-2015)

Philippe Cognée (né en 1957)

LE CATALOGUE DE BÂLE 2013-2015

Vue du projet partiellement présenté à l’automne 2018, à l’Espace Jacques-Villeglé, à Saint-Gratien.

Courtesy de l’artiste et Templon, Paris-Bruxelles-New York

© Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023 / Photo Bertrand Huet-Tutti

Antoine Bourdelle (1861-1929) BEETHOVEN, GRAND MASQUE TRAGIQUE, 1901

Antoine Bourdelle (1861-1929), BEETHOVEN, GRAND MASQUE TRAGIQUE, 1901, Bronze, 77,5 x 47 x 47 cm, Paris, musée Bourdelle. Legs Rhodia-Dufet-Bourdelle, 2002