Christophe Leribault
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5 questions à... Christophe Leribault, directeur du Petit Palais

Publié le 8 Abril 2020

Chaque semaine les directeurs des musées de la Ville de Paris sont invités à présenter leur musée en 5 questions/réponses. 

Alors que le Petit Palais fêtera dans quelques jours ses 120 ans, cette semaine c'est Christophe Leribault, son directeur, qui nous parle de son parcours, et du musée qu'il dirige à travers notamment les œuvres de la collection.

Comment est née votre passion pour l'art ?

Par chance, mes parents, qui étaient de professions scientifiques, avaient une passion pour la culture. Tout enfant, on m’a emmené visiter monuments et musées. Mon premier souvenir remonte à l’exposition Toutankhamon au Petit Palais, la boucle est bouclée…

Parallèlement à des études d’histoire, j’ai suivi un cursus classique à l’École du Louvre et à la Sorbonne jusqu’au doctorat. Après l’École du Patrimoine, j’ai d’abord été conservateur au musée Carnavalet puis au Louvre, me partageant, comme directeur-adjoint du Département des Arts graphiques et directeur du musée Delacroix. J’ai bénéficié aussi de plusieurs longs séjours de recherches aux États-Unis, notamment au J-Paul Getty Museum à Los Angeles et à Yale University, ainsi qu’à Rome, comme pensionnaire à la Villa Médicis.

Présentez-nous le Petit Palais en 3 œuvres

Le Petit Palais est le musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, ses collections sont donc encyclopédiques, de l’Antiquité à 1914, la suite étant au Musée d’Art Moderne.

Il est difficile de choisir parmi 50 000 œuvres mais je retiendrais l’Autoportrait au chien de Rembrandt, un des tableaux du XVIIe siècle hollandais dont le musée a un riche ensemble, tant en peintures qu’en dessins.
Pour rester dans le thème, pourquoi pas L’Autoportrait au chien noir de Gustave Courbet, un artiste révolutionnaire dont le Petit Palais possède près d’une vingtaine de toiles.
Et enfin, pour rappeler la place des arts décoratifs et de l’époque 1900, la salle à manger d’Hector Guimard, dessinée pour son hôtel particulier par le créateur des fameuses entrées de métro.

3 oeuvres petit Palais

Une anecdote à nous raconter sur le Petit Palais ?

Petit Palais Vieux

Notre mythe fondateur, c’est le legs des frères Dutuit. En 1902, la Ville de Paris apprend d’un notaire de Rouen qu’elle a hérité d’une extraordinaire collection de vases et bronzes antiques, de tableaux hollandais, d’objets d’art, de livres précieux…, le tout assorti d’une somme colossale destinée à édifier un musée ouvert gratuitement à tous et l’enrichir par la suite.

Le Petit Palais, qui venait juste d’ouvrir avec des collections encore maigres, était tout désigné pour accueillir ce legs. De musée plutôt d’art contemporain, il devenait, de fait, une prestigieuse collection d’art ancien, avec des moyens d’acquisitions exceptionnels pour la développer durant un siècle.   

Quelle est votre œuvre préférée du Petit Palais ?

Giaour

Le Combat du Giaour et du Pacha, Delacroix, 1835, Petit Palais

Peut-être Le Giaour de Delacroix, une composition fougueuse inspirée d’un long poème narratif de lord Byron.

Dans ce combat effréné, les chevaux comme les deux figures du Giaour et du Pacha se mêlent dans leur lutte à mort. Mais c’est surtout un extraordinaire morceau de peinture, l’aboutissement de cette recherche intense de Delacroix pour libérer la couleur et le dessin, au service d’un idéal littéraire.

La virtuosité de la toile n’est qu’apparente, Eugène Delacroix élaborait avec difficulté ses compositions, c’est là une de ses plus abouties, qui anticipe son testament artistique, un autre combat, La Lutte de Jacob et de l’Ange aux parois de l’église Saint-Sulpice. 

Quelle est la prochaine exposition que l'on pourra découvrir dans votre musée ?

Les chefs d’œuvres du dessin français de la collection Prat sont accrochés. Ils sont pour l’heure plongés dans l’obscurité pour les préserver. Mais l’exposition La Force du dessin n’attend que le top départ pour enfin ouvrir et révéler au public cette fabuleuse collection privée, riches de feuilles incroyables de Poussin comme de Watteau, de David, Géricault et Delacroix ou encore Manet et Seurat.

Un parcours d’une émotion intense à travers trois siècles d’histoire du dessin. Le dessin nous plonge au cœur de la sensibilité des artistes.

prattok

Accrochage de l'exposition "La Force du dessin. Chefs-d’œuvre de la collection Prat"

Question bonus : votre occupation favorite pendant le confinement ?

Entre le démantèlement de la belle programmation prévue pour ce printemps et l’élaboration complexe de la suite avec nos partenaires français et étrangers - alors que l’on manque encore d’éléments pour restructurer les calendriers en toute confiance -, ces semaines s’avèrent très occupées tout en offrant moins de satisfactions que d’ordinaire.

Comme il faut prendre les choses comme elles arrivent, mon moment de détente, c’est finalement la tournée régulière des réserves du musée, du sous-sol au grenier, pour vérifier qu’aucun rongeur, insecte ou fuite d’eau ne les menacent ! C’est l’occasion rare de regarder plus tranquillement les choses, réfléchir à ce qui pourrait regagner les salles, offrir quelques surprises à la réouverture…  

réserves petit palais

Vue des réserves du Petit Palais. Photo : Christophe Leribault

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